1851 [fin]

Cérémonie de clôture

Même si l’Exposition de Londres ne révèle rien d’innovant au point de vue des découvertes techniques ou industrielles, elle permet aux analystes de faire le point sur les progrès techniques et industriels accomplis pendant la première moitié du XIXe siècle.
Elle a également le résultat décisif de mettre en regard les produits du monde entier. Si l’on constate la supériorité des envois français en matière artistiques, il lui manque le bon marché qui peut être obtenu par la levée des prohibitions ou par l’abaissement des taxes, comme a su le faire la Grande-Bretagne.
Parmi le bazar exposé au Palais de Cristal, des notions de commerce international se détachent facilement. D’abord vu l’étalage des matières premières étalées par les Etats-Unis et la quasi absence de leurs produits manufacturés, il est évident que les pays européens doivent désormais trouver de nouveaux marchés d’exportation. Ensuite, l’exposition annonce l’«invasion» des matières bon marché venues des colonies anglaises (comme la suif d’Australie ou l’huile d’olive de Kabylie) et les grands fournisseurs doivent s’occuper dorénavant de la politique de bon marché de leurs produits.
Enfin, il paraît évident aujourd’hui du rôle incontesté que joue l’ouvrier dans la production; le progrès industriel devra passer désormais par le bien-être de l’ouvrier. C’est pourquoi, durant ces cinq mois d’exposition, toutes les nations ont envoyé des comités d’ouvriers afin d’étudier les méthodes industriels et les innovations du monde entier. Pour la France, 296 contremaîtres et ouvriers ont fait le déplacements afin de remettre leurs observations et leurs résultats dans des rapports au Ministère du Commerce.
Seul bémol au tableau, la mise en évidence de l’insuffisance d’éducation; en effet, partout dans le Palais, chacun a pu constater ses propres lacunes sur l’art industriel. Les différents gouvernements devront à l’avenir prendre de sérieuses mesures dans l’enseignement public.
Il sort de l’analyse des impacts de l’Exposition de Londres que le pays-hôte, à l’apogée de sa puissance, renforce sa suprématie industrielle et conforte sa position du plus grand empire colonial; de plus, il assied sa domination commerciale avec l’adoption du principe du libre-échange.

Un nouveau concept est né à Londres en 1851, celui de l’Exposition Universelle. En effet, pour la première fois, l’ampleur de la foire est internationale puisque non seulement tous les pays sont invités à exposer leurs richesses et découvertes et les exposants viennent en masse (trois fois plus que pour les précédentes foires, du jamais vu!), mais encore les visiteurs affluent de tous pays, essentiellement européens. Le réel succès avec de substantiels bénéfices engendrés est là encore la preuve de l’esprit novateur d’un tel événement. Mais la grande originalité qui entérine le concept d’Exposition Universelle, réside dans l’emblème que représente le Crystal Palace, bâtiment construit pour l’occasion, voué à la démolition, réelle innovation de cette exposition, puisque, contrairement à l’architecture classique, il ouvre de nouvelles voies à l’architecture par son industrialisation des principes de construction et l’abolition esthétique des frontières visuelles entre intérieur et extérieur.